Delahaye 135 M Antem 1948
01-08-2007
Moteur six cylindres en ligne, 3500 cm3, 150 km/h, 115 ch à 4000 tr/min, trois carburateurs Solex de 40, boîte de vitesses Cotal-Maag à commande électro-magnétique à quatre rapports. En 1948, un négociant en bois d’origine ukrainienne, du nom de Marine, tombe amoureux d’une Alsacienne et l’épouse.
Après leur mariage à Paris, M. et Mme MARINE décidèrent de partir en voyage de noces aux USA. Ils se rendirent alors au Salon de l'Automobile à Paris, en 1948, pour commander sur le stand DELAHAYE une voiture identique à celle exposée : un magnifique coach dû au carrossier français ANTEM. Après quelques aménagements spécifiques comme le toit en plexiglas ou des persiennes amovibles sur les vitres latérales arrière, la voiture fut livrée en 1949. Pour se rendre au U.S.A., ils prirent donc un billet aller retour sur le paquebot Normandie de la Cie Générale Maritime.
Après leur voyage de noces, ils décidèrent finalement de rester aux USA où M. MARINE fit fortune dans l'accastillage. Puis ils s'installèrent à Carmel, en Californie, où Mme Dina MARINE avait une galerie d'art, spécialisée dans les impressionnistes français.
Au décès de son mari, en 1985, Mme MARINE cherchait une solution pour assurer la pérennité de la DELAHAYE qu'ils avaient conservée. Elle entendit alors parler par la presse de la réunion des 6 Bugatti Royales, qui avait lieu à Pebble Beach, en 1985. Elle apprit à cette occasion qu'il existait un Musée National de l'Automobile à Mulhouse, qui avait prêté ses trois Bugatti Royales dont la réplique de l’Esders pour ce concours d'élégance. Son cœur d’Alsacienne lui dit de se rendre sur place et elle demanda à rencontrer Patrick GARNIER, le directeur du musée à l’époque. Mme MARINE décida donc d'offrir cette DELAHAYE à notre Musée alsacien. Patrick GARNIER est évidemment ravi. Après un échange de correspondance et de coups de téléphone, le don semblait compromis, car ni elle ni nous n'avions la possibilité de financer le voyage vers Mulhouse de cette voiture...
Puis un jour, elle nous téléphona en disant : «Nous n'avons pas besoin de payer le voyage retour de la voiture, car nous avions acheté à l'époque, en 1949, un aller retour et, comme nous sommes restés aux USA, nous n'avons pas utilisé le retour !...» Ne doutant pas de la validité de ce billet pris en 1949, elle prit contact avec le Directeur de la Cie Générale Transatlantique à Los Angeles, la GSM ayant absorbé la Cie Générale Maritime... et exigea le retour de sa voiture en France. La demande fut transmise à la direction parisienne qui, après une visite au Musée de Mulhouse, décida d'honorer le billet en échange d'une opération de communication commune, lors de l'arrivée de la voiture.
Invitée pour l'occasion, Mme MARINE, coupa symboliquement le plomb «sous douane» qui fermait le conteneur maritime et la DELAHAYE apparut !... Elle avait certes besoin d'une restauration mais était complète et en bon état de marche. Faisant partie des invités à cette manifestation, le Directeur Régional des Douanes nous fit remarquer qu'il nous appartenait encore d'acquitter la TVA afférente à l'importation du véhicule. Ayant compris l'intérêt de ce don, il nous orienta vers une procédure d'exonération de droits d'importation en raison de la nature culturelle de l'objet.
C'est ainsi que la voiture rejoignit de façon totalement gracieuse la collection Schlumpf de Mulhouse. Bien que roulante, elle s’avère assez fatiguée mécaniquement. Elle fonctionnera néanmoins pendant quelques années. Mais, un jour, l’embiellage montra des signes de faiblesse. La voiture ne sortira plus de la salle du musée.
Elle y restera de longues années jusqu'à ce que l'A.I.A.M. manifeste son souhait de la restaurer. En accord avec le directeur et le conservateur en chef du musée, décision est prise de redonner vie au beau coupé Antem.
Reste à trouver le budget. Bernard Jaeggy se tourne à nouveau vers les entreprises qui ont financé en partie la restauration de la Mercedes 710 SS, laquelle vient de se terminer. Elles acceptent de réitérer leur soutien. Le financement étant assuré, le moteur est sorti de l’atelier du musée et envoyé à Paris, chez un motoriste, au début du mois de mars 2007. Il sera remis en place en juin, juste avant le Festival Automobile de Mulhouse qui a été la première sortie de la voiture au seuil de sa nouvelle vie.